UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Transition écologique et transition sociale vont de pair


Depuis plusieurs années déjà, la CFDT s’est engagée dans la transition écologique. Elle martèle qu’il n’y aura pas de transition juste et réussie sans réflexion sur le travail et sur l’emploi. Interview de Philippe Portier, responsable de la politique du développement durable à la CFDT.

Quel bilan la Confédération fait-elle de la loi Climat et Résilience ?

Philippe Portier
Philippe Portier
Anne Bruel - Infocom CFDT

Philippe Portier. Des leviers d’action syndicale existaient déjà sur le volet environnemental, comme les obligations des employeurs en matière de protection des salariés, de mobilité durable ou de bilan des émissions de gaz à effet de serre. La loi Climat et Résilience est venue poser un cadre qui affirme notre légitimité à agir sur le volet environnemental. Le dialogue entre la direction et le Comité social et économique intègre les conséquences environnementales de l’activité de l’entreprise. Toutefois, la loi n’offre pas de moyens supplémentaires, alors que les ordonnances ont déjà affaibli le dialogue social.

La CFDT revendique de renforcer les moyens des représentants du personnel en accroissant les heures de délégation et le temps de formation et en adaptant le contenu de la Base de données économiques sociales et environnementales, etc. La présence des administrateurs salariés au sein des conseils d’administration doit être renforcée. Les travailleurs et leurs représentants doivent être associés, afin d’appréhender les risques et les opportunités de la transition écologique en termes d’emplois, de formation, de conditions de travail, de préservation de la santé des travailleurs, de pouvoir d’achat, etc.

Le GIEC tire à nouveau la sonnette d’alarme en insistant sur « les conséquences de l’inaction ». Partages-tu ce diagnostic ?

Les conclusions du GIEC sont sans appel, l’urgence écologique n’est plus une menace lointaine. Il faut agir beaucoup plus vite et mieux pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C d’ici 2100. La guerre en Ukraine nous fait prendre conscience de l’intérêt qu’il y aurait à devenir, pour l’Europe, autonome en termes d’énergie.

Si la transition représente un coût élevé, il s’agit d’un investissement de long terme pour réinventer nos activités avec davantage de progrès social et environnemental. Cette perspective soulève deux enjeux clés. La juste répartition du coût de la transition, qui nécessite d’anticiper et d’accompagner ses effets sur le pouvoir d’achat des ménages, et les besoins en investissements et l’efficacité des actions mises en œuvre par les acteurs économiques publics et privés.

La CFDT revendique que les aides octroyées aux entreprises impliquent des engagements de la part des entreprises. Les plus en difficultés aujourd’hui sont les moins vertueuses du point de vue social et environnemental : intrants polluants, rémunérations, absence d’anticipation emploi/compétences, etc. Elles sont aussi les moins préparées à faire face à de nouvelles crises.

Quelles sont les priorités de la CFDT concernant la transition écologique ?

La transition écologique (décarbonation, évolutions des processus de production, etc.) et la transition sociale (évolution des compétences, des conditions de travail, de l’organisation du travail, etc.) doivent être menées de front avec le moins de casse sociale, économique, environnementale, démocratique.

La CFDT revendique une transition écologique juste, coconstruite et négociée. Il s’agit de s’assurer que les mesures indispensables face à l’urgence écologique et les moyens financiers associés sont conformes aux engagements et soutenables sur le plan social. Le dialogue social doit faire pleinement partie intégrante du processus.

L’objectif de plein-emploi doit être une force motrice de la transition écologique. Elle va donc concerner tous les emplois et métiers, même si les enjeux diffèrent selon l’impact de la transition écologique sur l’activité. Les réallocations de main-d’œuvre risquent d’être massives et rapides. La création d’emplois de qualité, les nouveaux métiers, les reconversions professionnelles et le maintien dans l’emploi seront des clés de réussite de la transition écologique.

Propos recueillis par Jean-Pierre Moussy